Christian Vessaz, aux bons soins du Cru de l’Hôpital
Christian Vessaz et le Cru de l’Hôpital, Môtier, Vully, Fribourg
Laurent Probst | 1 août 2011
Le Cru de l’Hôpital est la propriété de la Bourgeoisie de Morat (fort jolie petite ville médiévale que je vous invite à visiter). Christian Vessaz, ingénieur oenologue formé à Changins (école de viticulture en Suisse romande) en est le directeur technique depuis sa prise de fonction en 2002. Période qui correspond également à l’obtention de son diplôme.
Pour l’anecdote, il avait été à l’époque le seul à répondre à l’appel d’offre lancé par les propriétaires. N’est-ce pas là un indice du manque de crédit accordé aux terroirs et aux vins du Vully en Suisse romande ? Christian Vessaz, natif du Vully vaudois, était quant à lui convaincu du potentiel du vignoble. A la tête de cette cave il le démontre avec brio.
Aujourd’hui, le Cru de l’Hôpital est une véritable « locomotive » régionale par la qualité de ses vins, tant dans son appellation bien sûr, que pour l’ensemble de la région des Trois-Lacs (Morat, Neuchâtel et Bienne).
Un petit mot sur le Vully. L’émulsion très saine qui règne entre les propriétaires de la plus petite appellation viticole de Suisse romande (150 ha partagés pour deux tiers dans la région fribourgeoise du Vully et pour un tiers dans la région vaudoise de l’appellation) et la qualité des vins de cette région me laisse à penser qu’ignorer à la fois la qualité et la diversité des crus proposés ici serait une regrettable erreur.
Les prix des vins du Vully sont d’une grande sagesse. Certains vins de chasselas coûtent moins de dix francs, et certaines spécialités blanches coûtent moins de quinze francs.
Le style des vins du Cru de l’Hôpital pourrait se résumer de façon très simple : précision aromatique, fraîcheur et vinosité. Indéniablement les baies récoltées l’ont été à maturité optimale et cela se ressent dans les vins, empreints d’un bel équilibre. Les vins blancs -tout particulièrement- offrent une belle complexité. Ils sont vinifiés le plus souvent possible sans la deuxième fermentation (la malolactique) et sont donc portés par leur tension. Ils sont secs également, c’est à dire sans sucres résiduels. Leur vocation gastronomique est indéniable.
Le pinot noir et le chasselas représentent 70 % de la production de la cave. Les autres cépages principaux sont, en rouge, le gamaret et le garanoir. En blanc, le choix est plus vaste : pinot gris, sauvignon blanc, chardonnay, viognier (très confidentiel, seulement six cent bouteilles annuelles), et le traminer (nom local du gewurztraminer).
L’introduction de ce dernier cépage dans le Vully remonte aux années soixante dix. C’est d’ailleurs un prédécesseur de Christian Vessaz au Cru de l’Hôpital qui avait tenu ce rôle de pionnier. Son successeur, a obtenu avec un vin de ce cépage une médaille d’or dans un concours international. La première du Vully ! Christian Vessaz, poursuit avec conviction dans le même état d’esprit. C’est avec lui que le traminer du Cru de l’Hôpital est devenu un ambassadeur de la viticulture helvétique en devenant membre de l’association Mémoire Du Vin Suisse.
En cave, des essais de vinification en amphore de béton et en cuve tronquées (en bois) sont réalisés à côté des traditionnelles cuves en inox. L’élevage en barrique est également utilisé, mais limité à deux vins (un assemblage rouge, un vin liquoreux). Les vignes, cultivées selon les normes de la production intégrée, sont un sujet d’étude pour le vigneron oenologue. Une partie de celles-ci est en mode dite bio-dynamique. Une proportion qui progresse régulièrement : trois hectares en 2011, et cinq dès 2012 !
Soigné de la sorte, il n’y a rien d’étonnant que le Cru de l’Hôpital soit un cru référence !