Jean-Daniel Suardet, vigneron dans l'âme

Par Laurent Probst, le 20 décembre 2015

L'homme en impose par sa stature et par son calme. On l'observe quelques instants et l'on a la conviction, que la force tranquille, c'est un slogan taillé pour lui.

Ce natif de La Côte, se définit comme étant « vigneron dans l'âme ». Il nous confie qu'à douze ans déjà, il se voulait vigneron. Il est même devenu maitre vigneron. Toujours empreint d'une grande modestie lorsque l'on évoque le respect qu’il inspire dans la profession, il répond sobrement « c'est plus facile de gagner un rallye si l'on a une bonne voiture ». 

- « Comment arrive t-on au Château Maison-Blanche, à Yvorne, depuis Féchy ou St-Cergue ? 
- La proposition m'a été faite en 1986. Je travaillais déjà pour la maison Schenk, tout en étant chef de culture dans le domaine d'un de mes oncles, qui venait malheureusement de décéder. Ma future épouse et moi avons visité les lieux peu avant les vendanges. L'histoire (Le Château de la Maison-Blanche a fêté en 2009 ses quatre cent ans), la beauté des lieux et du château, et bien sûr un domaine viticole d'une surface de 8 hectares, avec la possibilité offerte de pouvoir vinifier, ...la décision avait été rapidement prise».

Dix ans plus tard, Jean-Daniel Suardet a également pris la responsabilité des vignes du domaine voisin, le Clos du Rocher, des vignes qui appartiennent à la maison Obrist (également membre du groupe Schenk) qu'il travaille avec son équipe, constituée de cinq personnes à l'année. 

La superficie des vignes des deux domaines atteint vingt hectares, ce qui est une surface plus que respectable, et qui permet de pouvoir considérer le travail sous un angle différent, car si la proximité entre les deux domaines est immédiate, le sol et l'exposition sont très différentes. 

L'encépagement au Château Maison-Blanche a peu évolué durant toute cette période. Le Chasselas reste très majoritaire. Le Savagnin blanc, planté en 2003 et produit depuis 2008 est un peu le symbole de cette évolution, mais sa production demeure presque confidentielle avec deux mille bouteilles par an. 

Au niveau de la viticulture, une parcelle est cultivée en biodynamie depuis 2009. Mais aucune décision quant à « basculer » tout le domaine selon ce mode de culture n'a encore été prise. Aujourd'hui encore, le vigneron la considère comme un « laboratoire ».

La vente des vins est réalisée à 80 % par la maison Schenk, mais 20 % des vins produits est vendu sur place, aux amateurs qui viennent à Maison-Blanche. L'homogénéité du terroir et de ses différentes parcelles est remarquable. Pour le vigneron, l'éboulement géant depuis le hameau Corbeyrier, en 1584, en est la cause principale. Le sol est graveleux et argileux, très filtrant, avec une hauteur de pierre qui peut atteindre quinze mètres. 

Pour le vigneron, le terroir du Château Maison-Blanche tamponne grandement l'effet millésime. C'est-à-dire, que ses qualités régulent grandement les excès et les aléas climatiques. En somme, la première qualité du terroir est de participer à offrir une régularité qualitative aux vins. C'est pourquoi, l'entier de la récolte ne produit qu'une seule cuvée.

Si son entente avec l'oenologue Thierry Ciampi est excellente, le vigneron regrette, d'un point de vue général, certains travers de l'oenologie moderne, « et des procédés qui réinventent la roue quand ça n'a pas lieu d'être ». Mais il se tempère immédiatement : « Le vin est une maitresse exigeante ». 

En cette fin d'année viticole, Jean-Daniel Suardet pense désormais à réaliser des randonnées à ski car notre « vigneron contemplatif » est un amoureux de la montagne et c’est un peu son échapatoire